Madagascar

L’une des plus grandes îles du monde, l’île-continent, l’île Rouge… toutes ces images de Madagascar cachent des paysages variés, une mosaïque de peuples issus de migrations, le sanctuaire d'une nature unique au monde, mais aussi de nombreux revirements historiques et économiques.

Géographie

"Madagascar, dit-on, est une création divine : sa surface (592 000 km²) épouse l’étrange forme d’un pied gauche dont les îles satellites seraient les orteils, comme l’empreinte antique d’un géant facétieux…"

Quatrième île du monde par sa superficie, la "Grande Île" s'est séparée du continent africain il y a environ 165 millions d'années. Légèrement plus grande que la France, longue de 1 580 km et large de 580 km, elle s'étend dans l'océan Indien face aux côtes africaines, à 400 km à l'est du Mozambique. Le tropique du Capricorne coupe le Sud de Madagascar au niveau de Tuléar. Excepté l'extrémité Sud, l'île appartient donc aux tropiques. Sa capitale est Tananarive (Antananarivo en langue malgache).

À défaut de hautes montagnes, une longue bande de hauts plateaux forme l'épine dorsale de l'île. Ils s'élèvent entre 750 et 1 350 m au-dessus du niveau de la mer. Le pic volcanique de Tsaratanana (2 876 m) est le point culminant. Les plaines les plus vastes sont concentrées à l'Ouest. Elles précèdent une côte de marais, de mangroves et de longues plages de sable.

À l'Est, les hauts plateaux se prolongent par des escarpements abrupts et des collines qui accueillent des forêts tropicales jusqu'à une mince plaine côtière. Le long de la côte orientale, presque linéaire, s'étale le canal des Pangalanes, un cours d'eau intérieur de plus de 600 km formé d'une série de canaux et de lacs artificiels ou naturels.

Le Sud, semi-désertique, est parfois appelé "pays des épines".

Ses différentes zones climatiques et sa variété de paysages procurent à ce pays de contrastes un énorme potentiel touristique : des hautes montagnes aux plaines fertiles semées de rizières en terrasses, des vastes savanes sèches aux forêts tropicales, des 5.000 km de côtes protégées en grande partie de récifs coralliens aux nombreuses îles tropicales avec de belles plages au sable blanc, d’un paysage calcaire spectaculaire avec de nombreuses tours de karst aux rivières souterraines et grottes diverses.

À l’intérieur de Madagascar, s'il reste encore des forêts primaires relativement préservées, les terres se dénudent peu à peu sous l'effet de la déforestation, les fleuves charrient la latérite rouge tandis que les collines et les maisons traditionnelles de pisé font le charme des Hautes Terres. Sur la côte Est, la pluie, les vents et le souvenir des pirates confèrent à cette verte nature une histoire à la Joseph Conrad. Plus au Sud, les paysages virent au bush épineux et semi-désertique. Dans l’Ouest lointain, Majunga affiche son influence musulmane, tandis que la savane piquetée de baobabs rappelle l’Afrique. En remontant vers le Nord, l'île touristique de Nosy Bé surprend par son charme et sa douceur de vivre. Enfin, à la pointe nord de Madagascar, Diego-Suarez conserve les traces du dernier avant-poste de la colonisation française.

Le capital touristique exceptionnel de Madagascar lui a permis d’intégrer les "Îles Vanilles" (Maurice, Réunion, Seychelles, Madagascar) pour conquérir une part du nouveau marché touristique en s’appuyant sur les forces et la complémentarité de chaque île. L’évolution remarquable du nombre de touristes depuis 2013, notamment l’arrivée de croisiéristes, témoignent déjà du dynamisme de secteur tourisme à Madagascar. Cette croissance importante de la demande a besoin d’être soutenue par une offre adéquate notamment en termes d’infrastructures d’accueil.

Faune et flore

Madagascar est une véritable arche de Noé. L'île a développé des espèces de plantes et d'animaux uniques au monde, dont les lémuriens, et est considérée comme un sanctuaire pour la biodiversité, avec un taux d’endémisme très élevé : près de 80% pour la flore. Outre un grand nombre de plantes médicinales utilisées par l'industrie pharmaceutique, l'île compte des espèces endémiques de bambous, 170 variétés de palmiers (la majorité est endémique), du raphia (qui n'existe plus guère que là) et davantage d'espèces d'orchidées que le continent africain. Le plus célèbre des végétaux malgaches est cependant le Ravenala madagascariensis (ravinala en malgache signifie"arbre du voyageur"). Évoquant par sa forme un gigantesque éventail, ce cousin du bananier est devenu un symbole de la Grande île. On dénombre par ailleurs six espèces de baobabs et neuf variétés de Pachypodium, plus communément appelés "pied d'éléphant".

La faune est encore plus impressionnante, avec un taux d'endémicité proche de 90% pour les espèces animales. Les lémuriens viennent en tête de la longue liste des espèces endémiques : la majorité de la vingtaine de variétés de ces sympathiques animaux qui appartiennent à l'ordre des prosimiens (un sous-ordre des primates) n'existent en effet que sur l'île Rouge. Le plus célèbre est sans conteste le maki catta (Lemur catta), qui se repère facilement grâce à sa longue queue fournie, rayée de noir et de blanc. Le maki à couronne (Lemur coronatus) mâle, très chic, arbore des joues rousses ainsi qu'un dos et des pattes d'un brun orangé mâtiné de gris. La femelle maki macaco (Lemur macaco), pour sa part, se reconnaît à sa barbe blanche et aux touffes de poil blanches assez denses de ses oreilles. L'hapalémur doré (Hapalemur aureus) n'a été découvert qu'en 1985, sur un site faisant aujourd'hui partie du parc national de Ranomafana. Son cousin l'hapalémur à nez large (Hapalemur Sinus) est le plus rare des lémuriens. Présumé éteint, il a réapparu en 1972 avant de disparaître à nouveau jusqu'à la fin des années 1980. À peine plus gros qu'une souris, le microcèbe roux (Microcebus rufus) peut faire des bonds de plus de 3 m d'une branche à une autre. C'est néanmoins le propithèque de Verreaux ou Sifaka (Propithecus verreauxi), qui offre le spectacle le plus sensationnel avec son incroyable "danse". L'indri (Indri indri), dont certains spécimens peuvent peser jusqu'à 7 kg, détient le titre du plus grand lémurien, connu pour ses cris obsédants pour défendre son territoire. Le Aye-aye (Daubentonia madagascariensis), enfin, est doté de grandes oreilles de chauve-souris, d'une grosse tête, d'une queue touffue et d'une fourrure noire ébouriffée.

Vous pourrez également rencontrer sur la Grande île des mangoustes, chauves-souris, fosa (le plus grand carnivore de l'île, proche du petit puma), 250 espèces d'oiseaux dont 106 endémiques, des caméléons, des geckos, des crocodiles, des serpents (inoffensifs), des grenouilles (148 espèces endémiques) et 3 000 variétés de papillons dont la majorité ne se rencontrent nulle part ailleurs ! Ajoutons que des milliers baleines passent chaque année près des côtes du Nord de Madagascar, entre mai et octobre. De nombreux spécimens restent sur place pour s'accoupler ou mettre bas. 92% des poissons d’eau douce sont également endémiques tandis que les récifs coralliens le long de la côte abritent une vie marine époustouflante.

Du fait de la déforestation, de certaines pratiques culturelles et de la pollution, certaines espèces animales et végétales malgaches sont cepedant menacées.

Culture

Depuis plus de 4000 ans, Madagascar a été façonnée par les migrations des peuples afro-asiatiques venant d'horizons divers : Afrique orientale, Sud-Est asiatique (Indonésie, Malaisie), Polynésie, Proche-Orient, Europe… pour créer la société pluriculturelle malgache. Aujourd'hui, ce pays de 22 millions d’habitants compte 18 ethnies distinctes ("foko") ou nations autochtones et parlant des langues régionales d'origines austronésiennes, dont les coutumes fascinent les ethnologues.

Ainsi, une des particularités de Madagascar est sa diversité culturelle. Les styles de vie, les architectures et les traditions particulières tirent leur source de l’origine lointaine et multiculturelle du peuple Malgache venant de l’Indonésie, de l’Inde, de l’Afrique, de l’Arabie.

La culture malgache provient en grande partie d'autres continents. Ainsi, la croyance dans le "vintana" (destin) pourrait découler de la cosmologie islamique, tandis que le symbolisme religieux et le statut conférés au bétail rappellent l'héritage africain.

Les principales coutumes malgaches concernent le culte des ancêtres. Le "razana", qui désigne à la fois les ancêtres et le respect qui leur est accordé, consiste en un système complexe de "fady" (interdits) et de rites funèbres. Le fady correspond à un système de tabous locaux destiné à apaiser les ancêtres. Un fady peut par exemple prohiber le sifflement sur une plage près d'un village, ou la marche devant un arbre sacré. Il existe ainsi des milliers de superstitions de ce genre, dont un certain nombre ne dépasse pas le cadre d'un village.

La coutume du "famadihana" (retournement des morts) ou "deuxième enterrement", a pour but d'apaiser, consulter et vénérer les défunts. Le rituel commence par l'exhumation du corps, qui est ensuite lavé et enveloppé dans un nouveau linceul. Les membres de la famille défilent ensuite devant le linceul pour l'embrasser, lui parler, lui chanter une chanson ou même danser avec lui. Pour finir, l'ancêtre retourne à sa dernière demeure, souvent avec des cadeaux.

La grande variété des produits et techniques artisanaux témoigne également de cette diversité culturelle.

Les Malagasy sont connus par leur créativité en particulier la musique, qui est une domaine dans laquelle celle-ci est peut-être la plus flagrante. Bien que géographiquement éloigné des circuits internationaux, en effet, Madagascar commence à bénéficier d'une audience internationale pour la qualité de sa musique et de ses musiciens, tant sur le plan traditionnel et traditionnel modernisé (musique du monde ou world music) que moderne ( jazz, gospel, rock, hip hop, rap). De nombreux artistes sont reconnus internationalement tels Rakoto Frah, Tony Rabeson, Silo Andrianandraina, Solorazaf, Hanitra, Nicolas Vatomanga et pour ce qui est de la lignée du Salegy (la musique populaire très rythmée des ethnies du Nord) des artistes plus récents tels que Wawa, originaire de Nosy Bé, Dade Love ou , plus décalés, Black Nadia ou encore Tence Mena, sont parmi les plus réputés.

Dans le domaine classique, Madagascar possède un patrimoine exceptionnelle avec l'opéra Hira Gasy qui est unique au monde, remontant au XVème siècle. Composées de paysans-artistes, les compagnies rassemblent chaque année des centaines de milliers de spectateurs. Spectacles populaires de musique, de danse et de contes, les hira gasy, sont une tradition des hauts plateaux. Un art ancestral, un art vivant, un art sacré. La représentation est donnée par des troupes composées de 18 hommes et de 7 femmes. Il s'agit, en fait, d'une compétition pour les meilleurs costumes et le spectacle le plus original, le plus émouvant ou le plus captivant. Le hira gasy commence par un kabary, discours généralement déclamé par un ancien respecté. Les membres de la troupe illustrent ensuite le message du kabary par des chansons et des danses acrobatiques accompagnées de la musique grêle des trompettes et des clarinettes. La flûte, le sifflet et divers instruments à cordes prêtent leurs sonorités aux danses et à la musique traditionnelle. Les accordéons, encore utilisés, témoignent pour leur part de l'héritage français. Paul Bert Rahasimanana, ou Rossy, est certainement le musicien le plus célèbre de Madagascar. Dama, Rebika, Tearano, Tiana, Mahaleo, Njava, Tarika, ainsi que les groupes Fenoamby et The Justin Vali Trio mêlent des influences modernes au répertoire traditionnel.

Langue

Le malgache (utilisé dans la vie courante) et le français (dominant dans les affaires) se côtoient sur l'île. Touefois il faut savoir que seule une petite partie de la population, essentiellement dans les villes et zones touristiques, parle correctement le français. L'italien et l'anglais sont pratiqués par quelques opérateurs et guides touristiques.

Il existe une langue malgache officielle, enseignée à l'école, mais différentes langues régionales apportent des différences. Caractérisé aux yeux étrangers par la longueur de ses mots, le malgache appartient à la famille des langues austronésiennes, qui regroupe également l'indonésien et le polynésien.

La grammaire se distingue fortement de celle des langues indo-européennes. Les Malgaches évitent par exemple de commencer leurs phrases par "je" et il existe plus de 16 expressions signifiant "ici" ou "là".

L'alphabet malgache compte 21 lettres : les consonnes "c", "q", "w" et "x", ainsi que la voyelle "u", n'apparaissent pas. Certaines lettres se prononcent différemment du français, notamment le "s", qui devient "ch" et le "o" qui se prononce "ou". De nombreuses voyelles en fin de mot sont par ailleurs muettes. Ces règles de prononciation peuvent aboutir à des résultats surprenants : le nom de la ville de "Ihosy", au sud de Tananarive, se prononce ainsi "Iouch".

Voici quelques expressions courantes du dialecte Sakalava, parlé dans la région de Nosy Bé :

Oui : Ya
Non : Hé hé
Bonjour (à toute heure) : Mbola tsara
Excusez-moi/S'il vous plaît : Azafàdy
Merci (beaucoup) : Misàotra
Bienvenu(e) : Tònga sòa
Au revoir : Velòma
 

Religion

Les missionnaires occidentaux n'ont pas ménagé leurs efforts sur la Grande île au XIXe siècle. Les protestants de la London Missionary Society ont été les premiers à s'implanter. Le catholicisme a par la suite gagné du terrain avec l'influence française. Environ 40% des Malgaches se disent chrétiens. Les protestants (concentrés sur les hauts plateaux) et les catholiques (sur la côte) se répartissent en proportions égales.

La majorité de la population (plus de 50%) reste cependant fidèle au culte traditionnel animiste, marquant l'attachement aux ancêtres, considérés comme le trait d'union entre les vivants et l'au-delà, est l'élément le plus marquant. Il se traduit au quotidien par de nombreux rites : retournements des morts accompagnés de sacrifices de zébus, interdits et tabous de toutes sortes (les "fady")... L'amalgame entre la religion traditionnelle et le christianisme est très répandu, et nombreux sont les chrétiens convaincus qui perpétuent le culte rituel des ancêtres.

La communauté musulmane représente environ 7% de la population. Elle se regroupe dans les villes du nord, notamment à Mahajanga.